LE MASQUE DE FER
Les 16 et 17 septembre 1698, le château de Palteau accueille un hôte mystérieux : grand, avec des cheveux blancs, son visage est recouvert d’un masque de velours noir. Il s’agit de celui que Voltaire baptisera en 1751 le Masque de fer, prisonnier placé sous la garde du chevalier de Saint-Mars, seigneur de Palteau, Dixmont, Armeau. Gouverneur des îles Sainte-Marguerite, où furent prisonniers sous sa garde Fouquet, puis Lauzun, Bénigne Dauvergne de Saint-Mars vient d’être nommé gouverneur de la forteresse parisienne de la Bastille. Sur sa route pour rejoindre sa nouvelle affectation, il fait étape avec sa suite et son prisonnier, donc, dans son château de Palteau.
Bénigne Dauvergne, né vers 1626, mousquetaire, est au fort de Pignerol le geôlier du superintendant Fouquet, emprisonné sur ordre du roi Louis XIV, lorsqu’il hérite de la Seigneurie de Palteau de son oncle Cantien Garrot en 1669. La même année arrive à Pignerol un nouveau prisonnier : son identité a inspiré une bonne cinquantaine d’hypothèses, il s’agirait du frère de Louis XIV, de son fils, du comte Mattioli, du valet Eustache Danger, entre autres théories. Il suivra son géôlier à Exiles, puis aux Iles Sainte-Margueriete, enfin à la Bastille où il décède le 19.11.1703.
PIERRE QUILLARD
Né à Paris le 14.07.1864, décédé à Neuilly 4.02.1912, Pierre François Marie Quillard a marqué profondément la vie intellectuelle de son époque. Issu d’une famille armélienne, orphelin, il est recueilli par sa tante, et vient fréquemment visiter à Armeau sa grand mère maternelle Prudence Pélagie Paillot. Condisciple au lycée Fontanes (aujourd’hui Condorcet) d’Ephraïm Michaël, René Ghil, André Fontainas il édite en 1881 son premier recueil de vers et fonde en 1884, avec Ephraïm Michaël, Saint-Pol-Roux, Camille Bloch, Marcel Collière, une revue littéraire, la Pléïade.
Disciple et ami de Mallarmé, il participe au mouvement poëtique symboliste, collabore au Mercure de France, fréquente les Nabis. Anarchiste et dreyfusard, il s’engage également en faveur du peuple arménien, après avoir professé en Turquie. Il collabore à la revue Pro Arménia aux côtés d’Anatole France, Jean Jaurès, Georges Clémenceau. Il adhère dès sa formation en 1898 à la Ligue des Droits de l’Homme dont il devient vice-président en 1907 puis secrétaire en 1911. Pierre Quillard est l’auteur de trois recueils de poésie, deux pièces de théâtre, un livret mis en musique par Gustave Doret, et quatre écrits politiques.
PAUL ROBERT
Le lexicographe Paul Robert a vêcu à Armeau de 1969 à 1979. Né le 19 octobre 1910 à Orléansville en Algérie, il appartient à une famille de propriétaires terriens, minotiers, exploitants agricoles (orangers, coton) et viticoles très implantés politiquement. Il suite des études de droit à Paris et Alger à partir de 1934. C’est alors qu’il ressent le besoin d’un dictionnaire différent de ceux qui existent : il souhaite y trouver l’association des mots entre eux.
Ce n’est qu’en 1945, à son retour à Paris après sa mobilisation en Algérie, que l’idée de créér ce dictionnaire se concrêtise. Son projet, présenté à l’Académie française en 1949, est bien accueilli. Le premier fascicule paraît en 1951 aux Presses Universitaires de France. En 1951 Paul Robert fonde à Casablanca sa propre maison d’édition, et en 1952 recrute Alain Rey qui restera son précieux collaborateur et deviendra son successeur. Revenu s’installer à Paris en 1953 il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1959, commandeur des Arts et Lettres en 1976. Pendant dix ans, c’est dans l’ancien presbitère d’Armeau que sont conçus les fameux Petit Robert.
Décédé à Mougins (Alpes maritimes) le 11.08.1980, Paul Robert est enterré à Lausanne en Suisse.
JACQUES FRIEDEL
De 1959 à 2005 le physicien Jacques Friedel et son épouse artiste Mary ont été résidents secondaires à Palteau. Né en 1921 à Paris dans une famille de grands scientifiques, Jacques Friedel, polytechnicien, pionnier dans l’étude des structures électroniques des métaux, est l’un des fondateurs du laboratoire de physique des solides à l’Université Paris-Sud Orsay. Médaille d’or du CNRS en 1970, il a été président de l’Académie des Sciences, du Conseil consultatif de la Recherche scientifique et technique et de l’Observatoire national de la Lecture. Il a été élevé en 2013 à la dignité de Grand Croix de la Légion d’honneur. Son fils cadet Paul est à son tour un chercheur réputé. Après le décès en 2004 de son épouse, Jacques Friedel se sépare de la maison de Palteau en 2005. Il est décédé à Paris en 2014.
JEAN ARNOULD
Résident occasionnel à Armeau, le Parisien Jean Arnould est l’artisan du premier feu d’artifice tiré dans l’Yonne après la Libération : en août 1947 à l’occasion de la fête communale d’Armeau, il illumine les rives de l’Yonne. Devant l’enthousiasme général, et avec la mobilisation des habitants, ce feu sera pérennisé les années suivantes. Jean-Arnould a été président du comité des fêtes d’Armeau de 1949 à 1964. Directeur de la troupe des Tréteaux de France, il tire la plupart des feux d’artifice du département jusque dans les années 1990, mais il opère également à Paris, Chartres, Chantilly, Ajaccio lors d’évènements et célébrations. Il est ainsi retenu pour les Jeux Olympiques et Granoble en 1968 et les Fêtes de Persépolis en Iran en 1971. Il est décédé le 1er mai 2000 à l’âge de 76 ans.